Incidence et particularités de l’embolie pulmonaire aigue chez les patients hospitalisés pour Covid-19 à l’établissement public hospitalier de Laghouat au cours du troisième épisode épidémique majeur

Abstract

Introduction :

L’association entre la Covid-19 (coronavirus disease 2019) et les évènements thrombo-emboliques veineux a été rapidement rapportée dès les premières semaines de l’épidémie. En effet, l’infection à SARS-Cov-2 (severe acute respiratory syndrome coronavirus 2) peut être associée à un état inflammatoire et d’hypercoagulabilité (thrombo-inflammation) responsable de complications thromboemboliques fréquentes, notamment d’embolie pulmonaire (EP), avec des conséquences importantes sur la prise en charge diagnostique et thérapeutique, ainsi que sur le pronostic vital. La survenue d’une EP chez les patients atteints de Covid-19 peut être fatale et constitue un défi pour les cliniciens car les symptômes peuvent être similaires et se confondre avec ceux d’une pneumopathie Covid-19.

L’objectif de cette étude était de préciser l’incidence de l’EP aiguë chez les patients hospitalisés pour Covid-19 à l’établissement public hospitalier (EPH) « Ahmida Benadjila » de Laghouat au cours du troisième épisode épidémique majeur, et de déterminer le profil clinique, paraclinique et évolutif de cette association.

Moyens et méthodes :

Il s’agissait d’une étude monocentrique, rétrospective et descriptive, colligeant tous les cas d’EP aigue diagnostiqués et confirmés par angioscanner thoracique chez les patients hospitalisés pour Covid-19 confirmée par RT-PCR (reverse transcription polymerase chain reaction) à l’EPH « Ahmida Benadjila » de Laghouat (structure hospitalière de référence dédiée exclusivement à la prise en charge de la Covid-19 au chef-lieu de la wilaya de Laghouat) au cours du troisième épisode épidémique majeur, du 01 juillet au 31 octobre 2021.

Résultats :

Sur un total de 797 patients hospitalisés pendant la période d’étude, 58 cas d’EP sur Covid-19 ont été colligés soit une incidence de 7,27 %. L’âge médian (IQR) de la cohorte était de 64 (32,75) et 76 % étaient des hommes. Tous les patients avaient au moins une comorbidité. Le surpoids/obésité étaient le facteur de risque le plus fréquemment retrouvé chez 90 % des patients, suivi par la dyslipidémie (82 %), le diabète sucré (62 %) et l’hypertension artérielle (60 %). Environ un tiers des cas de diabète sucré étaient méconnus et ont été diagnostiqués au moment de l’hospitalisation. De plus, une proportion non négligeable de patients a développé un diabète cortico-induit puisque tous les patients avaient reçu un traitement à base de corticoïdes. La quasi-totalité (97 %) des cas n’étaient pas vaccinés contre la Covid-19. La grande majorité des patients (90 %) avaient une forme sévère et 10 % une forme critique de Covid-19 selon la classification de l’OMS. Le décès en intrahospitalier est survenu malheureusement chez 53 % des cas souvent en rapport avec la gravité de la Covid-19 que celle de l’EP.

Conclusion :

L'EP est une complication non rare et potentiellement mortelle de la Covid-19. Malgré certaines limites, notre étude a permis de déterminer que l’incidence de l’EP aigue était de 7,27 % chez les patients hospitalisés durant le troisième épisode épidémique majeur de Covid-19. Cette incidence était plus faible que celle rapportée dans la littérature où les taux d’EP étaient plus forts lors de la première vague, avec une remontée bien plus faible lors de la deuxième et la troisième vague, soulignant une meilleure compréhension de la maladie et les résultats d’une prise en charge plus adaptée et probablement le caractère plus inflammatoire que thrombogène du variant Delta (B.1.617.2) qui a dominé lors du troisième épidémique majeur, bien que le taux de mortalité était important constaté chez environ un patient sur deux en rapport avec les formes graves du variant Delta. Une meilleure compréhension du futur risque lors d’autres crises sanitaires est une priorité.